Notes d’introductions
J’ai mis plusieurs années à me ré-intéresser à la bande dessinée. Quand j’ai réalisé ESCADRON DELTA OMÉGA, cela faisait déjà un bon nombre d’années que j’en avais ras le bol et je voulais faire table rase. La seule chose qui me tint réellement à cœur par la suite fut de réaliser le projet de bande dessinée de mon fils. J’avais un autre projet en tête, où des personnages traumatisés par la vie s’étaient réunis, en s’imaginant être des super-héros, et on s’apercevrait au fur et à mesure de l’histoire que leur réalité est beaucoup plus pathétique, triste et dramatique se terminant par une fin tragique. Mais, en constatant l’effet négatif que la destruction de mon vieil univers de bande dessinée avait eu sur mon fils qui commençait à peine à s’intéresser à mes vieux concepts, je décidai de jeter ce projet dramatique dans les oubliettes. De toute manière, je ne m’attends pas à avoir plus de chance d’être reconnu et publié avec ce projet qu’avec tous mes autres, alors je n’y trouve aucune motivation pour aller de l’avant.
Ce que vous tenez entre les mains est issu de nombreuses esquisses exécutées à temps perdu lors de pauses café/breuvages avec ma femme et mes enfants entre 2011 et 2015. Comme ma femme et mes enfants apportaient avec eux des cahiers à dessins, je me sentis un peu ridicule de rester là à ne rien faire pendant que ma petite famille s’adonnait à dessiner, moi qui en avais fait autant durant si longtemps, alors je commençai à suivre leur exemple. Au début, mes esquisses étaient une façon de passer au travers de ma dépression suite à la mort de mes parents en 2011, mais plus tard mes vieilles habitudes reprirent le dessus et je me mis à inventer de nouveaux personnages. Mon fils commença à me suggérer timidement que je pourrais me créer un nouvel univers et réaliser de nouvelles bandes dessinées avec ces nouveaux personnages. En voici donc le résultat. Je ne voulais pas lui déplaire, tout en lui démontrant que son opinion compte pour moi, et en lui prouvant que je n’abandonnais pas entièrement mes vieux rêves, quand lui-même commence tout juste à bâtir les siens.
L’ŒIL, né de ces esquisses qui plurent à mon fils, est grandement influencé par les concepts de voyage astral, méditation transcendantale et d’ésotérisme des années 70, qui pollua la dérive spirituelle de mes parents, suite à leur révolte en sourdine envers la religion catholique qui les avait étouffés la majeure partie de leur vie. Mon père s’engouffra dans un groupe traduisant le Livre d’Urantia (une sorte de pseudo bible décrivant la bureaucratie de la vie après la mort dans plus de 10000 pages transcrites des paroles d’un illuminé des années 20 parlant dans son sommeil, qu’on crû en état de transe) pendant que ma mère amena mon frère et moi suivre des séances de méditations transcendantales, et une conférence au Mont-Royal par un yogi tibétain, lorsque j’étais enfant et mon frère adolescent, le tout contribuant à pousser mon frère, schizoïde borderline pas encore diagnostiqué, dans un gouffre sans fond de maladie mentale, empoisonné par des croyances aux sciences occultes et aux extra-terrestres dont il ne s’est jamais, à ma connaissance, libéré. Ce poison, je le recyclai dans mes bandes dessinées, afin d’exorciser ses mauvaises influences, qui maintenant ont fait naître ce personnage à la Doctor Strange / Doctor Fate. L’ŒIL s’éloignera de ce regard introspectif malsain avec lequel j’ai débuté son récit. J’ai encore beaucoup de poison à extraire de mes veines, malheureusement. Mais mon fils aime bien l’allure de ce personnage alors je crois que ses aventures ne font que débuter.
Je ne m’attends plus à rien. Je fais ceci pour des raisons personnelles et autres et quand bon me semble. J’ignore s’il y aura d’autres projets semblables, mais ils seront sans doute motivés par mes enfants, tant que le cœur leur en dira. Entretemps vous pouvez jeter un coup d’œil à ce projet, si le cœur vous en dit.
ANDERPOL
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